L’art de la dorure
La dorure traditionnelle à chaud est une technique utilisée depuis des siècles pour la décoration, le titrage et le marquage des reliures et des étuis. L’or utilisé est conditionné en feuilles si fines, quelques microns à peine, que l’on peut voir à travers par transparence. Les feuilles d’or sont préservées dans des carnets en papier de soie de différents formats. Le doreur utilise des outils particuliers pour manipuler et découper ces feuilles extrêmement précieuses et fragiles : le coussin à or qui sert de support pour les opérations de découpe, le couteau à or pour découper les feuilles et le couchoir à or, un petit outil utilisé pour déplacer et appliquer précisément l’or aux endroits choisis et créer de magnifiques motifs.
Le principe de la dorure à chaud est simple : le cuir à dorer est recouvert d'un apprêt. Cet apprêt va jouer le rôle de colle réactivable à chaud. La zone à dorer est alors recouverte d'une feuille d'or. L'outil de dorure qui sera utilisé ensuite différente selon l’objectif souhaité :
- un poinçon gravé d'un motif unique (un rouleau de sefer Thora, un magen David par exemple) que l'on appelle un fleuron
- une roulette qui permettra la répétition d’un motif
- une palette à dorer, en crin généralement, permet de manipuler les feuilles d'or
- des polices de caractères en bronze (français ou hébreu)
Les outils en métal sont chauffés à plus de 100 degrés puis seront employés à presser l’or sur la zone à dorer. C’est alors que l'apprêt déposé préalablement sur le cuir retiendra l'or dans la zone précise du motif. L'or non fixé sera nettoyé à l’aide d’un carré de flanelle.
On distingue habituellement la dorure non tracée et la dorure tracée : la dorure non tracée est réalisée en une seule opération, sur un cuir qui a été recouvert d’un apprêt. La dorure obtenue ne fait qu’un faible creux dans le cuir. La dorure tracée quant à elle est réalisée en plusieurs étapes : une empreinte est réalisée par pressions successives avec l’outil de dorure progressivement chauffé sur un cuir légèrement humidifié. On obtient une empreinte très nette et relativement enfoncée dans le cuir. Le fond de cette empreinte est alors recouvert d’un apprêt de dorure, appliqué à l’aide d’un pinceau fin ; il s’agit d’une opération minutieuse et délicate dont dépend la qualité du résultat. Après séchage complet de l’apprêt, une feuille d’or est déposée sur l’empreinte, puis le doreur applique précisément son outil chauffé dans l’empreinte, à travers la feuille d’or. L’opération peut être renouvelée une ou deux fois jusqu’à l’obtention du résultat désiré. Ce type de dorure est d’une exécution assez lente, mais il se prête bien à la réalisation précise de décors complexes.
Les outils de dorure, ou "fers à dorer", sont gravés à la main dans du bronze. La Maison Pardo possède une collection de "fers à dorer" qui sont le reflet des styles décoratifs sur plusieurs siècles est existe également sur le thème du judaïsme : fleurons, palettes, roulettes.
